Nombre total de pages vues

vendredi 26 avril 2013

Les fonctions de la société civile

On trouve dans la littérature plusieurs fonctions différentes de la société civile. Nous en retiendrons
les plus importantes dans le texte qui suit. Après avoir attentivement lu l’historique du concept
de société civile, certaines des fonctions énoncées te paraîtront probablement familières,
parce qu’elles étaient déjà connues des théoriciens, il y a bien longtemps.
On peut dire qu’il y a, en tout, les sept fonctions fondamentales de la société civile suivantes:
3.1. La fonction de protection
La société civile a le devoir de procurer la liberté aux citoyens et à les protéger de l’arbitraire étatique.
Y est incluse la protection contre les ingérences de l’Etat dans la sphère privée, et ainsi,
la disponibilité assurée d’un espace aussi bien privé que social. Ainsi, les organisations de la
société civile s’occupent, par exemple, de vérifier les projets politiques concernant la sécurisation
des droits fondamentaux du citoyen, et, dans le cas d’une infraction, d’attirer l’attention et
de prendre des dispositions pour réagir contre cette infraction. La protection, en particulier, des
minorités et de leurs droits, fait également partie de cette fonction.
3.2. La fonction de contrôle
Souvent, on appelle aussi cette fonction «la sécurisation de la liberté par la négative». Elle est
très dépendante de la fonction de protection, puisqu’il s’agit ici de l’observation et du contrôle
du pouvoir politique. Une des obligations fondamentales dans le cadre de la fonction de contrôle
est, par exemple, le contrôle des élections, pour en garantir le déroulement équitable, dans le
respect des règles fondamentales de la démocratie. Dans ce contexte, l’association KMF/CNOE
(Comite National d’observations des élections) représente un exemple concret pour Madagascar.
3.3. La fonction de participation
Il s’agit ici de la socialisation démocratique et participative des
citoyens. On peut également la décrire comme étant l’exigence
d’une excellence en matière de culture politique. On entend par là
une augmentation de l’intérêt général pour la politique, c’est à dire,
une augmentation de la motivation et de la capacité à participer à
l’événement politique. Par ailleurs, dans ce contexte, la société
civile est considérée, comme déjà chez Tocqueville, comme une
école de la démocratie. Cette dernière servirait, parallèlement au
renforcement de la démocratie, à recruter de manière ciblée des
élites démocratiques destinées aux instances de décision étatiques.
Comme exemple pour la fonction de participation, on peut citer
celle, directe, de représentants du secteur civil à la formulation de
projets de loi et autres réglementations ou décisions.
3.4. La fonction d’allègement (de l’Etat)
Dans plusieurs domaines, la société civile contribue à alléger, dans le sens strict du terme, l‘Etat, le
gouvernement et le monde politique. D’une part, il y a un allègement financier effectif – par le fait
que les citoyens endossent volontairement, et souvent sans rémunération, des obligations sociales.
Par conséquent, c’est encore un allègement allant dans le sens d’une augmentation de l‘efficience.
Ainsi, de nos jours, la société se trouve confrontée à de nouvelles problématiques complexes, qu’on
appelle les «mégaproblèmes», et qui ne peuvent être réglés au niveau de l’Etat uniquement. Ce sont
des problèmes qui doivent être abordés à plusieurs niveaux. Il s’agit, par exemple, de la globalisation
ou de la problématique environnementale qui s’aggrave de plus en plus. La société civile remplit
ainsi des obligations sociales qui dépassent la famille, mais qui, en même temps, ne sont pas du
tout - ou pas suffisamment - pris en compte par les formes de représentation des intérêts des organisations
établies, et que, par ailleurs, ni le marché, ni l’Etat, ne peuvent résoudre correctement. On
peut prendre comme exemples les groupes d’entraide et mutuelles qui deviennent de plus en plus
nombreux. Les membres de ces groupes se trouvent souvent dans une situation difficile: désorientés,
fortement déprimés, désespérés, seuls, ayant de plus l’impression d’avoir été abandonnés. Ce
genre de groupe remplace généralement des structures familiales déficientes ou l’Etat, qui reste
sans ressources devant ce type de problèmes privés.
3.5. La fonction d’articulation
La société civile peut contribuer à ouvrir des voies efficaces de production, de rassemblement et
d’articulation de valeurs communautaires et d‘intérêts sociaux, en-dehors des partis politiques et
des parlements. Les sujets privés et sociaux sont alors abordés par la société civile et véhiculés
auprès de l’opinion politique. La société civile agit ainsi comme intermédiaire entre les citoyens et
l’Etat. Les initiatives de citoyens constituent un exemple de fonction d’articulation de la société
civile. Les citoyennes et citoyens y abordent souvent des problèmes touchant un domaine d’expérience
directe et s’organisent en vue d’agir directement, sans passer par l’intermédiaire de partis
ou d’associations, sur des situations inacceptables qui traînent ou qu’ils jugent dangereuses. Les initiatives
de citoyens se forment souvent, par exemple, dans le cas de l‘extension d’un aéroport (pour
protéger la nature ou empêcher plus de bruits d’avion) ou dans le cas du transport de déchets atomiques.
3.6. La fonction de démocratisation
Même si cette brochure consacre, un peu plus loin, un chapitre entier à cette fonction de la société
civile, il faut la mentionner ici pour que la liste soit complète. Il s’agit ici de la contribution de la
société civile au processus de formation de l’opinion publique et de la volonté populaire. La société
civile a une fonction importante dans la démocratisation, surtout au niveau local. Dans les jeunes
démocraties, cette fonction reste souvent tributaire de l’évolution de la démocratie au niveau national
où les initiatives de citoyens constituent également un exemple concret. Dans ce contexte, des
séances d’information sont souvent organisées, pour informer l’opinion publique sur un sujet particulier.
Elles contribuent ainsi au processus de formation de l’opinion et de la volonté publiques.
D’autres groupements (locaux), qui organisent par exemple une séance de discussion hebdomadaire
ou mensuelle, appartenant à la société civile, produisent également un travail actif au service
de ce processus de formation de l’opinion et de la volonté publiques.

3.7. La fonction de règlement (ou gestion) des conflits sociaux
Grâce à ses réseaux d’associations, d’initiatives et de mouvements, la société civile admet des
superpositions au niveau de l’adhésion des membres. Ces adhésions croisées dans des
groupes multiples peuvent contribuer à construire des ponts entre les positions conflictuelles
les plus profondément ancrées dans la vie de la société: elles peuvent ainsi aider à adoucir les
conflits sociaux. Par ailleurs, l’émergence d’une solidarité sociale et le renforcement de la
cohésion sociale, grâce à la réalisation commune d’objectifs communs, constituent un effet
secondaire positif au sein des organisations de la société civile.
"
Nina Cvetek (Bachelor of Arts, Sciences Sociales,
Université Heinrich Heine, Düsseldorf)
&
Friedel Daiber (Etudiant en Histoire et Français, Université de Trier)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire