Liège, le 30 août 2013
Communiqué
Commencé il y a près
de deux ans et demi (mars 2011), le mouvement de révolte contre le régime
dictatorial de Syrie était un authentique mouvement populaire. Sans surprise,
la réaction qu’il suscita révéla la face hautement répressive d’un régime qui
n’a cessé de se cacher derrière ce qui lui restait de velléités nationalistes
pour refuser au peuple syrien son accès légitime à la démocratie et à la justice
sociale.
Les ennemis
extérieurs de ce régime, et ils sont nombreux, virent là l’occasion de le
renverser, vite fait bien fait, en misant sur la répétition du scénario
libyen : mettre en action des groupes armés et les soutenir sur le terrain
par des frappes aériennes ciblant l’infrastructure militaire du régime et
neutralisant son aviation et ses blindés. Ce plan se heurta à l’opposition de la Russie et de la Chine au Conseil de sécurité
et à celle des pays émergents : l’Afrique du Sud, l’Inde et le Brésil. Et
cette circonstance changea tout. En l’absence de frappes aériennes, et donc de
la possibilité d’une décision militaire rapide, le conflit se prolongea et cela
eut des conséquences décisives.
La première
conséquence – la plus importante pour la démocratie – est que le peuple syrien
cessa d’être acteur de son destin. Il se transforma peu à peu en otages, chair
à canon, réfugiés, déplacés et mendiants. Le caractère pacifique de son
mouvement s’affaiblit ou disparut au profit des acteurs militaires, certains
(les jihadistes) contribuant à le discréditer et à renvoyer de nouveau une
partie des hésitants et des minorités dans le giron du régime et d’autres le
désorientant par leurs appels constants à l’intervention étrangère d’ennemis
avérés de la liberté de peuples.
Deuxième
conséquence : avec le temps, les « mains cachées » apparurent au
grand jour. Or elles veulent tout sauf la démocratie pour le peuple
syrien : les régimes réactionnaires d’Arabie saoudite et du Qatar, la Turquie membre de l’OTAN,
des Etats-Unis et de leurs alliés européens et l’Etat sioniste – qui n’arrangea
rien en frappant par deux fois des installations militaires syriennes. Le but
réel de tous : installer un régime favorable à l’hégémonie des Etats-Unis
qui sera largement favorable à leurs alliés aussi et, pour l’Etat sioniste en
particulier : priver le Hezbollah des lignes d’approvisionnement qui lui
ont permis de tenir tête en 2006 et l’affaiblir en tant qu’obstacle à
l’installation d’un régime pro-occidental au Liban.
Troisième
conséquence : faisant face à de telles forces avec de telles intentions,
la face nationaliste du régime syrien, si faible soit-elle, pouvait paraître
reprendre le dessus sur sa face répressive. Cela lui permit de maintenir
l’unité dans ses rangs, regagner certaines franges de la population et,
profitant des divisions de l’opposition, de reprendre du terrain sur le plan
militaire.
C’est cette évolution
que les Etats-Unis et leurs alliés veulent stopper en relançant sous une autre
forme le scénario libyen. Ils ont en effet pris la décision de l’agression
militaire directe avant même les résultats des inspecteurs des Nations-Unies et
ils veulent agir sans l’aval de celles-ci. Car, l’utilisation présumée des
armes chimiques par le régime syrien n’est qu’un prétexte. Les Etats-Unis sont
les plus mal placés pour parler de « protection des civils », eux qui
ont lancé deux bombes atomiques sur le Japon, déversé des tonnes d’agent orange
et de napalm sur le Vietnam, utilisé de l’uranium appauvri en Irak, fermé les yeux sur le
bombardement à l’arme chimique des Kurdes par Saddam (c’était alors un allié
contre l’Iran) et sur le bombardement au phosphore blanc de Gaza par l’Etat
sioniste (c’étaient les civils palestiniens qui étaient des ennemis). Si on
tient absolument à parler « d’obscénité morale », celle des
Etats-Unis est bien la pire.
Partant de cette base, le Comité de Vigilance pour la Démocratie en
Tunisie (CVDTunisie) réaffirme son soutien au peuple syrien dans sa lutte
pour une démocratie authentique sans l’intervention des forces étrangères dont
l’hostilité est avérée à l’égard de la liberté des peuples. Il condamne fermement
toute agression militaire des Etats-Unis et leurs alliés contre l’Etat
souverain de Syrie en violation flagrante du droit international. Il dénonce
ceux qui s’érigent en gendarmes du monde et se considèrent comme des Etats de
première catégorie qui peuvent décider du sort des peuples de deuxième
catégorie. Il interpelle le gouvernement belge et les élus belges au Parlement
européen pour qu’ils se positionnent clairement pour le respect du droit
international et l’égalité des peuples et contre la loi du plus fort. Il
exhorte le gouvernement tunisien à défendre la souveraineté de la Syrie comme expression de sa
défense de la propre souveraineté de la Tunisie.
Comité de Vigilance pour la Démocratie en Tunisie (asbl)
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