Le monde musulman condamne aussi l'Etat islamique
Publié le 19/08/2014
Contrairement à ce qu’on entend ici et là, le monde musulman a massivement condamné les actions de l’Etat islamique (EI) en Irak, et cela avant même que les chrétiens ne soient chassés de leur ville de Qaraqosh au début août.
La dernière condamnation en date émane du grand Mufti d’Arabie, Abdel Aziz Al-Cheikh, qui a déclaré mardi dans un communiqué que l’organisation jihadiste, dans laquelle combattent des dizaines de ressortissants belges, est "l’ennemi numéro un de l’islam". Le plus haut responsable religieux saoudien estime que "les idées d’extrémisme, de radicalisme et de terrorisme n’ont rien à voir avec l’islam" et que les musulmans sont "les principales victimes de cet extrémisme". Avant de s’attaquer aux chrétiens, le groupe sunnite radical a en effet massacré et mutilé des chiites ainsi que des rebelles syriens faisant partie d’autres mouvances, comme le Front Al-Nosra.
L’Arabie saoudite, qui abrite deux villes saintes de l’islam, a donné 500 millions de dollars à l’Onu pour les réfugiés irakiens chassés par l’Etat islamique, soit 187 fois plus que les deux millions d’euros promis par la Belgique.
La condamnation par le Hezbollah chiite n’étonne guère, son leader Hassan Nasrallah parlant du "monstre qui ne cesse de grossir". En revanche, il faut noter les mots sans équivoque de l’Union internationale des savants musulmans (IUMS) qui a condamné, dès le 23 juillet, "l’expulsion forcée des frères chrétiens d’Irak de leurs maisons, villes et provinces".
Le chef de l’IUMS est le cheikh Yusuf Al-Qaradawi, qui vit au Qatar et est considéré comme proche des Frères musulmans. Cet Egyptien, viscéralement antisioniste, tient des prêches sur Al Jazeera et avait tenté d’empêcher la destruction des Bouddhas de Bamiyan par les talibans afghans. Les actes de l’Etat islamique "violent la loi islamique, la conscience islamique et ne laissent rien d’autre qu’une image négative de l’islam et des musulmans", affirment les savants musulmans.
Le 21 juillet, c’est l’Organisation de la Coopération islamique (OCI), basée à Djeddah en Arabie saoudite, qui considérait "le déplacement forcé" des chrétiens d’Irak comme "un crime intolérable".
En Turquie, en Indonésie, au Maghreb, en France, aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, les réactions ont été similaires. Une fatwa a notamment été déclarée en Indonésie pour déclarer illégal l’enrôlement dans les rangs du groupe jihadiste, selon le site Saphirnews.
L’OCI (qui regroupe 57 pays musulmans) et bien d’autres organisations, se sont davantage préoccupées de l’intervention israélienne dans la bande de Gaza au cours de l’été. Car on a assisté à un télescopage entre les deux actualités en Palestine, puis en Irak.
Mais peu de voix en Belgique
En Belgique, où l’islam "turc" est sous le contrôle d’Ankara et où l’islam "marocain" est éclaté en de multiples associations, les voix ont été rares. L’Exécutif des Musulmans se définit sensu stricto comme un organisme religieux et n’a publié aucun communiqué depuis sa condamnation de l’attentat du Musée juif à Bruxelles, sinon des indications pour le début et la fin du Ramadan.
La mobilisation des associations a été plus grande pour Gaza, une septantaine d’associations se sont jointes à la plateforme "Urgence Gaza".
Quelques élus de confession musulmane, l’ancien président de l’Exécutif Mohamed Boulif et une seule organisation belge, le Comité de Vigilance pour la Démocratie en Tunisie, ont signé la pétition "Solidaires avec les chrétiens d’Irak" regroupant des personnalités issues du Maghreb. Cette pétition affirme que les chrétiens d’Irak "font l’objet d’une extermination ethnique et religieuse déclarée, au nom de l’islam".
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